C’était un jour de semaine, un matin de bonne heure où l’on peut imaginer chacun affairé à ses habitudes. Ce matin-là nous roulions sur la route forestière du Maïdo, dans « la fraîcheur des Hauts ». Un papangue majestueux a tournoyé de plus en plus bas au-dessus de la voiture, laissant mon cœur frétiller en imaginant l’annonce d’une belle surprise... Et en effet, je n’avais pas rendez-vous et pourtant c’est comme si j’étais au rendez-vous à la bonne heure.
Sur le bord de la route forestière, à près de 12OOm d’altitude, fumait un alambic, devant lequel nous avons découvert un homme de Tradition aromatique. Une histoire familiale qui s’inscrit dans l’Histoire culturelle de la Réunion.
L’alambic est cet objet, au cœur de leur généalogie, qui s’est transmis sur 3 générations déjà, laissant le temps marquer le cuivre de son passage.
C’était un alambic à l’esprit voyageur dans le temps lontan, car il était transporté à même les champs. Aujourd’hui il fonctionne toujours sur place, avec les récoltes de Géranium ou bien au gré des coupes de l’ONF dans la forêt de Cryptoméria aux alentours.
Peut-être était-ce ce souvenir que se remémorait Monsieur Begue; peut-être étaient-ce les projets à venir qui animaient la discussion que semblait avoir Monsieur Begue avec son feu de bois, à notre arrivée ? Dans tous les cas, il était suffisamment captivé pour ne pas remarquer notre présence.
Il a pris le temps d’échanger. Il nous a touché par ses paroles et son témoignage. Une passion entremêlée d’une complainte dans les difficultés rencontrées d’un marché qui s’est développé ... le laissant sur le bord de la route.
Malgré toutes ses difficultés, Monsieur Begue fait perdurer une Tradition.
C’est peut-être cet honneur que nous pourrions lui rendre, de réserver ses magnifiques huiles essentielles et hydrolats seulement à ceux qui montent, jusque-là haut dans la fraîcheur des hauts, le rencontrer.
Une rencontre inédite, un lieu étonnant et riche de sens et tradition.
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