Cryptomeria japonica.
Voici un extrait d’un « retour de voyage olfactif » d'une huile essentielle de Cryptoméria. Chaque huile essentielle, chaque flacon est "une part du végétal", tel un accord unique entre lui et son distillateur. Chaque olfaction revêt ce caractère spécifique, il n'est en rien "une règle" donnée. Tout est relatif.
Cet extrait concerne l'olfaction d'une huile essentielle de rameaux fleuris de Cryptoméria, que j'ai cueilli vers 1700m d'altitude, dans une forêt du Maïdo à la Réunion. J'ai distillé dans mon petit alambic en cuivre le jour et lendemain de la cueillette.
« Son odeur est douce et enveloppante. Alors que pour les autres huiles essentielles de Cryptomeria testées, les attributs étaient très masculins, ici ce n’est pas aussi franc. C'est même plutôt féminin ...
Son action est immédiate ; elle redresse et ouvre au niveau du plexus. Elle est tout aussi pénétrante avec douceur et offre comme une présence à soi qui enveloppe à l’intérieur.
Je ressens une forme d’empathie qui donne cet accord tacite pour pénétrer sans intrusion, pour accompagner vers la visite de tous les petits espaces du plexus en quête des émotions même cachées. J’ai la sensation qu’elle cherche à ramener de la couleur et lumière malgré les blessures.
L’odeur est comme un petit reptile long et fin qui avance, cherche, tourne et retourne. Cela va vite, j’ai du mal à suivre et entendre tout ce qu’elle semble dire. Elle pénètre toujours plus profondément comme dans un étroit labyrinthe, où elle cherche à ouvrir des portes et faire couler et fusionner autant les larmes de joie que de chagrin, car elle nous rappelle que la vie est vivante et que laisser couler ce que fut et qui n’est plus, est un moyen qu’elle utilise pour ramener au Présent de la Vie.
Un soleil irradie de l’intérieur, je ressens une douce tiédeur. Des couleurs très lumineuses apparaissent, jaune, irradiant sans chauffer, juste elles réchauffent.
Elle propose et m’invite à simplement contempler, ouvrir grand les mains en signe d’accueil et de lever le regard vers le Ciel, le Père. Puis l’odeur s’efface, ou du moins je n’ai plus l’impression d’être à l’écoute je me sens emportée et je dois faire un effort pour revenir vers l’exercice du voyage olfactif. Je respire encore et encore, je passe ma touche de parfumeur d'une narine à l'autre, j'inspire plus fortement et enfin, enfin je la retrouve ... Je retrouve cette odeur, là quelque part plus profondément. Elle s'était retirée juste un peu plus loin. Je comprends que c'est à moi de décider d'aller la rechercher si je le souhaite. C’est alors que cela s'éclaire … oui, à travers cette petite anecdote "de l'odeur perdue", je comprends sa façon d’agir : elle agit pour faire de la place dans le remue-ménage des émotions pour ensuite laisser cette place, afin que nous la reprenions en Soi.
Ce Cryptoméria ramène l’Être à Soi qui s’était effacé, meurtri et blessé par son passé. Il ramène de la lumière dans les cryptes des mémoires du passé, et ranime le Vivant pour conjuguer au présent de l’instant éternel. »
Laure.
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