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Voyage olfactif avec l'Ylang-Ylang

Cananga odorata

Voici le retour de plusieurs méditations olfactives de fleurs d'Ylang-Ylang, que j'ai menées, à la suite pour favoriser les comparaisons instantanées. Ces olfactions diffèrent par le choix d'huile essentielle d'Ylang-Ylang "extra ou complet" (correspondant à divers stades de fractionnement de la distillation).

Je resterai volontairement discrète sur les laboratoires fournisseurs, car ces expérimentations n'ont pas vocation de comparer la qualité de distillation, mais simplement d'expérimenter un enseignement de la plante par l'écoute intuitive et la méditation et faire ressortir des éléments de réflexion.


Méditation olfactive avec l'huile essentielle d'Ylang EXTRA

Je connais l’odeur de cette huile essentielle, et pourtant j’ai l’impression quelque part de la découvrir. L’odeur s’installe rapidement, il est vrai qu’elle est connue pour être très puissante.

Je ressens rapidement, sur tout mon torse, un mouvement de va-et-vient latéral, comme si ce mouvement suivait un lemnicaste.

Ce mouvement se marque et s’intensifie de plus en plus sur ma droite. Je ressens intérieurement une douce tiédeur, plutôt sèche. Une couleur d’un jaune «douceâtre », plutôt fade, passe dans mon champ de vision. Mon rythme cardiaque semble légèrement diminuer, et le « mental » s’apaiser.


Puis le voyage commence vers un « bout d’histoire ». Peut-être une histoire dont cette huile essentielle fut témoin et nous dévoile à travers son odeur ? A moins qu’elle n’y raccroche des parts d’archétypes à travers mes filtres ? :


Un paysage apparaît devant mes yeux … Un paysage et un fauteuil à bascule. Une femme y est installée, pourrait-on préciser « avachie », et se laisse bercer d’avant en arrière, le regard au loin, d’un regard évasif qui en dit long sur l’état d’absence. C’est une femme silencieuse, mature, à l'épiderme épais, aux traits durs, peu avenante ni accueillante. Nous sommes sur une terrasse à l’avant d’une maison toute en bois.

Devant nous, un paysage plutôt tropical ... Je remarque une végétation verdoyante très imposante et luxuriante, que traverse un chemin de terre sèche et sableuse qui part depuis la terrasse, vers un au-delà indistinct à nos yeux. Cette vision baigne dans les rayons du soleil d’un après-midi qui tire à sa fin. La journée fut ensoleillée, l’air est d’une tiédeur légèrement humide agréable qui endort les sens. J’aurais pu écrire qu’il plane ici une douceur de vivre, s’il n’y avait eut cette atmosphère pesante d’un sentiment nostalgique qui nous tire vers le manque d’envie, le manque de vie, le vide morose … Tout semble inanimé : un corps avachi et enfoui dans un passé lourd et un regard qui ne porte sur aucun à venir au loin … Un poids mort au point mort. Juste se laisse entendre le brouhaha du ruminement mental, seul mouvement de vie perceptible qui épouse le rythme incessant du fauteuil à bascule … qui jamais ne cesse, d’avant en arrière … qui pourrait ne jamais avancer sur un projet.

Je pousse l'expérience, avec un autre flacon, chez le même fournisseur, d'Ylang extra, mais d'un autre numéro de lot :

Aussitôt, mon olfaction entraîne un mouvement de lemniscate, qui est aussi perceptible de façon latérale, comme pour l’essence précédente mais étrangement, il est plus marqué sur la gauche. Mon corps est comme « attiré » vers l’avant. L’odeur diffuse et s’installe dans le haut du corps, plus particulièrement au niveau frontal. Je ressens globalement la lenteur mais avec une énergie plus « yang » qu’avec la précédente. Il y a une sensation de présence masculine. Le caractère est fort et rêche voire têtu ; un rythme scandé, très lent et dense s’impose à mon expérience. Il m’emmène vers une vision, celle d’un individu au travail. C’est un travail manuel, où l’austérité du lieu et des outils imprègne la situation. Le travailleur est vêtu sommairement, il me semble pieds nus posés sur un sol terreux, poussiéreux. Tout est sec. Il tire à mains nues, une charge lourde d’apparence, dans une lenteur d’avancement, pas après pas, soulevant la poussière à chaque tractation. L’effort est soutenu, le fardeau est traîné comme un poids mort … jusqu’à épuisement, jusqu’à lâcher cette prise, jusqu'au lâcher prise.


Entre ces deux expériences, je m'amuse à faire le lien entre le mouvement de leniscate latéral, plutôt ressenti à droite, plutôt féminin, et Yin sur la première olfaction, et plutôt ressenti à gauche, masculin et Yang sur la seconde : Ylang-Ylang , Yin-Yang à la fois ...


Point de Réflexion : l’Ylang connu pour ses propriétés relaxantes, me laisse songeuse sur « le mode d’action » de ces deux précédentes références, car j’y vois davantage un renoncement nostalgique, qu’une invitation doucereuse au lâcher prise.


Si l'huile essentielle d'Ylang-Ylang est appréciée et régulièrement présente dans l’arsenal aroma-thérapeutique dans les services de soin palliatif pour ses propriétés chimiquement antalgique et antiinflammatoire, je ne recommanderai pas le choix de cette référence, ou du moins de ces lots spécifiques.


En effet et à travers ce voyage, je peux comprendre l'intérêt « du détachement du corps », comme aide à la gestion de la douleur, mais cet aspect « inanimé et nostalgique » du 1er lot, et « épuisant » du second lot, est au risque de faire oublier au patient, sa volonté d’avancer dans un projet de guérison et vers de nouveaux projets de vie …

La chimie peut justifier des choix, que « l’action sur d’autres plans » tels que sur des plans psychoémotionnels, peut argumenter en sens contraire. La considération de ces deux plans, me semble une évidence dans un choix de prescripteur pour conseiller en s’adaptant pleinement à chaque situation.


Méditation olfactive avec l'huile essentielle d'Ylang COMPLET


Avec cette essence, tout me semble instantanément léger. L’odeur est fleurie, multicolore, lumineuse d’une luminosité qui perce derrière un léger voile transparent. Les messages sont immédiats, et transmis par une femme jeune, habillée d’une robe longue, ample, aux motifs fleuris. Elle me paraît être une jeune fille ou jeune femme, frêle, d’un bon tempérament, joviale et heureuse de gambader dans la nature. Elle est seule dans ce champ de vision, mais ne me paraît ni sauvage ni solitaire, plutôt sociable.


D'un mouvement de tête dans ma direction, dans un regard souriant et plaisant, elle m'invite à la rejoindre pour profiter du plaisir « des choses simples », comme marcher à travers champs et cueillir des tiges fleuries…


Son message se laisse entendre :

Elle nous convie à oublier les contingences de la vie pour se laisser porter par l’envie de vivre les plaisirs de que chaque instant nous offre.




L’action du lâcher-prise, se laisse vivre, semble se faire « par dilution ». En effet, je sens l’odeur se diluer, se fait oublier, ce qui me fait oublier l’exercice olfactif ainsi que le temps qui passe … comme si tout pouvait être vu ou vécu comme une illusion passagère, comme si chaque événement, chaque espace-temps pouvait autant se créer que disparaître aussi naturellement dans un sens comme dans l’autre. Evaporation – dilution – dissolution seraient les maître-mots. Pourtant l’odeur réelle est puissance et très présente, voire envahissante ... Et pourtant cette odeur devient "une trace" dans ma bulle de voyage olfactif.

Est-ce à dire qu’elle nous invite à réfléchir sur son dosage à l'état de traces dans les mélanges ? Un dosage qui pourrait-être idéal pour lâcher prise et pour « diluer » toutes nos contingences et contraintes du quotidien, afin de les vivre de façon plus légère ?


Je continue l'expérience olfactive, avec un autre flacon, chez le même fournisseur, d'Ylang complet, mais d'un autre numéro de lot :

Je respire et plonge aussitôt dans un jazz-club à l’ambiance feutrée et intimiste. Il fait assez sombre, il fait bon, je ne sais quelle heure du jour ou de la nuit il est.

Des volutes vaporeuses de fumées de cigares et cigarettes, dessinent des nuages aux formes changeantes et entraînantes devant mes yeux. Je les suis du regard, et elles m’emportent vers la rêverie.


Une voix féminine au timbre langoureux emplit l’espace de sa mélodie chantée, dans une rondeur accueillante et sécurisante. Tout est « tendreur » une tendresse et douceur qui ne font plus qu’un, et qui nous embrasse. On se sent posé, avec l’envie de juste fermer les yeux, de se laisser aller...


Un homme seul, est assis là, enfoncé dans un épais « club » en cuir, bien confortable. L’homme et le fauteuil ne font plus qu’un … La musique qui se joue, l’invite à juste se laisser-porter, ne plus penser. La voix de la chanteuse s’approche, et l’on sent en elle, une certaine nonchalance mielleuse. De légers et soyeux voiles se fondent sur son corps aux rondeurs féminines qui se devinent sans s’afficher. Un léger contact furtif, d’une caresse sur la nuque découverte de l’homme assis, le fait tressaillir. Il est à l’écoute de cette femme, autant de sa musique que de sa sensualité qui ne font plus qu’un … Le temps n’a plus d’emprise dans cette bulle, dans laquelle ces deux âmes, comme deux futurs amants se cherchent dans un rêve éveillé pour, peut-être, ne faire plus qu’un ...


La chanson s’arrête … la bulle se perce … le voyage olfactif cesse … leur histoire est dorénavant inaccessible à mes sens.


Comparativement, cette dernière huile essentielle est « la plus mature et aboutie ». Elle représente un marieur possible dans « l’union et réunion » des principes contraires et complémentaires des archétypes homme et femme.


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